Un tout petit monde

( Une petite aventure… toute personnelle )

“Buuz” du moment !

Par Ty • 20 juil, 2009 • Catégorie: Chahut en cuisine, Plaisirs en petits plats

Les bruits n’étaient pas les mêmes ce matin… à tel point que cela m’a réveillée en sursaut. Les odeurs m’étaient complètement inconnues, tout semblait différent. Une atmosphère étrange planait et m’enveloppait. J’ai ouvert les yeux. Stupeur ! Je n’ai rien reconnu… Le plafond (ce que l’on voit en premier, parfois, lorsque l’on ouvre les yeux) ne ressemblait plus au plafond tant de fois miré ; il était tendu de toile. Etrange ! Les petits objets qui font que ma chambre est ma chambre : disparus. En lieu et place, quelques larges tapis - certes magnifiques - au sol, un poêle et… c’est à peu près tout. Extravagant ! Ma couette, ma douce couette, celle-là même dans laquelle j’apprécie tant de me jeter certaines nuits : remplacée par un simple morceau de laine. Inouï ! Il a bien fallu que je sorte définitivement de ma torpeur. J’étais ailleurs. Par quel phénomène inexpliqué ? Un endroit rond, comme un cocon. Serait-ce précisément ça la quatrième dimension…? Je me suis approchée de ce qui me semblait être une issue, j’ai pointé le bout de mon nez dehors. Devant moi, des steppes infinies. Au loin, des forêts, des montagnes. Incroyable ! Avais-je abusé d’une quelconque substance illicite ? Avais-je tenté de noyer une vague déconvenue dans l’alcool ? Je n’en avais, à ce moment précis, plus aucun souvenir. Je me suis avancée à pas comptés sur la plaine aride qui - pour l’heure - semblait être ma terre d’accueil, me suis retournée et ai scruté - les yeux écarquillés pour ne pas dire exorbités - l’endroit d’où je venais à peine de sortir. Une yourte ?! (Que je sais malgré tout distinguer d’un tipi, je ne suis pas complètement inculte). C’était bien simple : soit j’étais - par je ne sais quel miracle - sur le plateau du Larzac (la yourte est actuellement très en vogue en France), soit j’étais - pire - en Mongolie. Le grognement d’un yack se promenant alentour achevant de me donner les clés nécessaires pour résoudre mon interrogation du moment. Pour le coup, j’étais complètement décontenancée. Je me voyais déjà finir mes jours en nomade. Devoir apprendre avec difficulté le mongol khalkha, la langue officielle. Ingurgiter du lait de jument fermenté à chaque repas. Avec un peu plus de malchance, je n’avais pas été juste déplacée géographiquement, mais aussi temporellement. Je m’imaginais déjà voir débarquer Gengis Khan et ses hordes sanguinaires, brrrrrrr ! Ils allaient sans aucun doute m’écharper avant de m’abandonner à mon bien triste sort, agonisante, en plein désert de Gobi. J’en étais là, complètement penaude, déboussolée (on le serait à moins), pour ne pas dire effrayée lorsque, d’un coup, je me suis souvenue : Mamzelle Gwen ! C’était elle la fautive. (Il paraît que le peuple mongol est joyeux et blagueur, en serait-elle originaire ?). Elle avait décidé, par je ne sais quel sort désavantageux à mon égard, de m’envoyer à l’autre bout du monde… dans un endroit - de moi - inconnu et ce, dans l’unique but de me faire cuisiner un plat typique mongol. Et j’avais, alors, été assez folle pour accepter.

Il faut maintenant que je vous le dise, trouver un plat qui puisse satisfaire nos papilles occidentales n’a pas été chose aisée. Les mongols se délectent de plats simples, pour ne pas dire frustres, essentiellement à base de viande (de mouton) et de… gras ! Les légumes frais sont extrêmement rares et ne sont représentés que par les choux, les carottes et les pommes de terre. Les repas les plus roboratifs sont constitués de pâtes et de riz, aliments que l’on retrouve également dans les soupes. L’été, les aliments “blancs” peuvent remplacer tout ce que je viens d’énoncer ; ils sont constitués de fromages, de yogourts, de lait fermenté et de beignets. Ah, il ne faut pas que j’oublie de vous dire que le complément idéal des repas est le “Suutei Tsai”. C’est en fait un thé noir auquel l’on ajoute du sel, du lait et du beurre. Heureusement, pour oublier tout cela, existe la vodka… qui est désormais en passe de devenir une spécialité mongole.

J’aurais très bien pu vous proposer un barbecue de chèvre ou de marmotte (boodog). La bestiole est cuite à l’aide de pierres chaudes que l’on place en son intérieur avant de bien la sceller et de la poser sur les flammes du barbecue. J’ai trouvé cela un peu trop exotique à mon sens. J’aurais également pu m’orienter vers les biscuits traditionnels (boortsog). Ces beignets sont généralement frits à la graisse de viande ce qui leur donne un délicieux arôme de bouillon. On les consomme le plus souvent tartinés de crème de lait (orööm). Mais non. Or donc, j’ai choisi de vous présenter les “buuz” (cela se prononce “bouse”, ahem…) qui sont de petits ravioli vapeur à base de viande. Et, vous n’allez sans doute pas le croire d’emblée, mais bien que cela soit déconcertant de prime abord, c’est très goûteux.

Buuz (ravioles mongoles)

Pour 25 ravioles, environ…
250 g de farine
150 ml d’eau à température ambiante
300 g de viande de boeuf finement hachée
1 oignon blanc de belle taille
2 gousses d’ail
Sel, poivre du moulin, épices
Huile neutre

Pour la pâte à ravioles. Mélanger la farine et l’eau dans un saladier et malaxer à la main jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène et élastique. Laisser reposer - au moins - 15 minutes.

Pour la farce. Eplucher et émincer finement l’oignon et l’ail. Emietter la viande dans un saladier. Ajouter l’oignon, l’ail puis mélanger intimement à la main. Ajouter 5 cuillères à café d’eau afin que la préparation, en cuisant, reste moelleuse. Saler et poivrer généreusement (la pâte à ravioles n’étant pas salée, il faut que la farce soit goûteuse et vienne rehausser l’ensemble). Ajouter quelques épices (du cumin, plus généralement ; mais du piment doux ou tout autre épice peut convenir). Mélanger à nouveau. Laisser reposer dans un endroit frais afin que toutes les saveurs s’imprègnent les unes des autres.

Réaliser les ravioles. Prélever un morceau de pâte et former un cylindre d’environ 2 cm de diamètre. Couper le cylindre en segments d’environ 3 cm. Rouler chaque segment en boule et l’aplatir finement (d’abord du plat de la main, puis à l’aide d’un rouleau à pâtisserie) en cercle de 7 à 10 cm de diamètre. Prélever un peu de viande à l’aide d’une cuillère à café et la placer au centre d’un cercle. Refermer la raviole en scellant les bords avec les doigts. Il existe plusieurs belles façons de fermer la raviole (personnellement, j’ai choisi la plus facile… n’étant pas - encore - experte) : en plié, en rond ou en semi-circulaire. Recommencer l’opération avec patience et dextérité jusqu’à épuisement des ingrédients.

Cuire les buuz. Cuire uniquement à la vapeur. Tremper chaque raviole dans de l’huile neutre et poser dans un panier vapeur. Faire en sorte que les ravioles ne se touchent pas dans le panier cuisson. Faire bouillir l’eau, placer le panier vapeur, couvrir et laisser cuire à feu fort pendant 15 mn. A l’issue de la cuisson, retirer le couvercle et éventer les buuz énergiquement (à l’aide du couvercle, d’une planche à découper, d’un éventail, etc.)… c’est ce qui leur permettra d’arborer une bel aspect brillant.

Servir les buuz… sans attendre. En Mongolie, ils sont consommés natures ou avec de la crème aigre, donc : ne pas hésiter à faire une sauce fraîche et légère à base de yaourt, ciboulette, oignon blanc, sel et poivre pour tremper les buuz. Pousser jusqu’à accompagner ces petites bouchées de chou blanc finement coupé et de bâtonnets de carottes (pour rappeler les légumes que l’on trouve sur place).

Certes, s’il ne fallait en rester qu’à l’univers culinaire, la Mongolie ne représente pas - spontanément - la destination idéale…! Mais (parce qu’il faut bien nuancer), il se trouve que le pays semble être magnifique pour ne pas dire époustouflant. Les paysages, pour les photos que j’ai pu en voir, sont magiques, grandioses, parfois même inattendus. Quant au peuple mongol, je suis - maintenant - persuadée que cela doit être un véritable bonheur (pour ne pas dire, honneur) d’aller à sa rencontre, tant il semble ouvert, accueillant, rieur, bienveillant. J’en profite pour livrer l’adresse de l’office du tourisme de Mongolie : http://www.mongoliatourism.gov.mn/.


Cette recette - représentant la Mongolie - participe au…


Bien évidemment, je remercie Mamzelle Gwen pour cet intéressant voyage culinaire. Ce, malgré toutes mes péripéties… J’ai réellement apprécié l’expérience : découvrir, tenter, goûter et maintenant partager.

Et pour celles et ceux, téméraires, qui veulent pousser plus loin l’exploration de la cuisine mongole (personnellement, je tenterai un autre plat… à l’occasion), j’ai déniché quelques adresses ou ouvrages utiles :

• Cette association a pour but de promouvoir la cuisine mongole. L’on y trouve des livrets de recettes. On peut même participer à des stages de cuisine.
Le Comptoir Mongol.

• Un ouvrage sur la cuisine et les traditions culinaires des territoires de Gengis Khan.
Imperial Mongolian Cooking : Recipes from the Kingdoms of Genghis Khan

• On trouve sur ce site, notamment, une boutique permettant d’acquérir des produits de Mongolie. Artisanats, habits, yourtes, mais aussi… des épices et assaisonnements pour buuz, huushuur ou autre tsuivan.
Boutique e-Mongol

• Sans doute existe-t-il d’autres liens tout aussi intéressants. Auquel cas, ne tortillez pas, faites m’en part. Je les rajouterai ici, au fur et à mesure.

• C’est tout pour le moment…

Marqué comme: ,

Ty est ...en vadrouille ;-)
Email à cet auteur | Tous les Articles par Ty

8 Réponses »

  1. Très sympa la balade gourmande à l’autre bout du monde (à part les yacks…), ces ravioli sont très appétissants.

  2. Quel voyage uniquement à la lecture de ce billet! A l’arrivée, j’ai bien envie de tester cette recette.

  3. J’adore ! Un peu plus et je me serais cru avec toi dans la yourte un verre de koumys à la main (attention, il parait que çà toque ce truc là ;-p) !
    Merci pour cette jolie participation :-)

  4. Merci beaucoup pour ce récit en Mongolie. J’ai cru que j’y étais aussi.
    et la recette semble appétissante.
    bonne journée

  5. Je découvre ton blog et je suis sous le charme de tes recettes et de ta plume… merci pour ce voyage gustatif !

  6. Oh que ça me plait…je continue ma visite de ton blog!

  7. Ca m’a l’air délicieux ! J’essaie ça au plus vite et je vous donne mon avis sur la recette :)

  8. Je suis tombé totalement dessus par hasard en cherchant un site de buzz et comme comme ça m’avait l’air bon j’ai testé la recette !!! Mon dieu !!!! Qu’est ce que je suis reconnaissant envers ma faute d’orthographe qui m’a fait découvrir ton site et ta recette !!! C’est tout bonnement délicieux !

Laisser un commentaire

Pourquoi cette question ?